Victime des délocalisations, la cité portuaire retrouve une seconde jeunesse grâce à la rénovation de son patrimoine.
Au mois de septembre 2015, la ville d’Onomichi, dans la préfecture de Hiroshima, a attiré l’attention du monde entier avec le lancement de son projet de carte interactive à partir de la vision d’un chat (voir Zoom Japon n°54, octobre 2015). Toutefois cette initiative n’est qu’un des éléments destinés à redonner vie à ce port déclinant de la mer Intérieure.
Cette façon de découvrir la ville à hauteur de chat est évidemment amusante, mais pour un premier contact avec cette cité tranquille, rien ne vaut un séjour au Minato-no-yado. Ce nom désigne deux anciennes maisons situées sur le mont Senkôji, le cœur spirituel d’Onomichi, au bout d’un petit chemin que les chats de la ville apprécient particulièrement. Après avoir été inhabitées pendant des années, les deux bâtisses ont été rénovées et reconverties pour accueillir des touristes de passage.
La première, la maison Shimazui, a été construite en 1931 pour un riche marchand et ancien parlementaire. L’autre, la maison Izumo, est plus ancienne. Elle remonte à la période d’Edo (1603-1868) et notamment possède une petite pièce de trois tatamis réservée à la cérémonie du thé.
Ces deux maisons offrent une chance unique de plonger dans la vie d’Onomichi après avoir gravi les 104 marches en pierre qui mènent jusqu’à elles.
“Ce n’est sans doute pas très pratique, mais c’est vraiment typique de la ville”, explique Kobayashi Noriko, membre de DiscoverLink Setouchi (DLS) qui a mené à bien le projet de rénovation. “Environ 10 % des personnes annulent leur réservation quand ils apprennent cela”, concède-t-elle. C’est vraiment dommage, car les deux lieux méritent bien qu’on fasse un petit effort. On trouve une influence occidentale dans la maison Shimazui , notamment au niveau du toit et de ses arches au niveau de la véranda. Toutefois, les toilettes high-tech Toto et les deux grandes pièces couvertes de tatamis rappellent bien que l’on se trouve dans un environnement japonais. Au niveau de la véranda, au premier étage, on possède une vue splendide sur le canal d’Onomichi tandis que le téléphérique du mont Senkôji – l’une des grandes attractions de la ville – ne vous est jamais apparu aussi prêt. On a l’impression de pouvoir le toucher avec les mains. On le voit glisser le long de la montagne au-dessus des toits appartenant pour la plupart à des temples. Le mont Senkôji est sacré. Aussi avant la Seconde Guerre mondiale, il était interdit d’y construire des maisons. Ceci explique pourquoi il y a tant de temples dans cette partie de la ville. Avec un voisinage de cette nature, les nuits sont calmes. Un profond silence enveloppe la maison. Seuls les criquets se font entendre. A la différence des auberges traditionnelles (ryokan), il n’y a aucun personnel dans ces maisons, ce qui donne l’impression d’être chez soi. Et il n’y a aucune horloge.
Minato-no-yado est le symbole de la volonté d’Onomichi d’utiliser le tourisme comme instrument de relance économique et comme moyen de préserver son identité culturelle. DLS participe à cette dynamique. “Tout a commencé avec cinq anciennes camarades de classe”, se souvient Kobayashi Noriko. “Elles travaillaient toutes dans les entreprises locales et ont compris que l’économie était en train de décliner avec le nombre croissant de délocalisations. Elles ont donc décidé de revitaliser la ville en s’appuyant sur son héritage culturel afin de promouvoir le tourisme”, explique-t-elle. Comme le développement est souvent synonyme de haut et de bas, il est bon de constater une certaine constance grâce au travail de conservation qui a été entrepris ici.