Aujourd’hui, la conséquence majeure de cette course à la baisse des prix est que les gens ont eu peur. “Personne ne veut plus prendre de risques”, constate-t-il. Cependant Takemoto Shigeru n’est pas de ceux-là. C’est pourquoi il a décidé de faire passer le savoir-faire de son entreprise en Europe et de voir ce qui se passe. En 2015, Nisshin a ouvert un bureau au World Trade Center de Metz-Sarrebruck. “J’aime cet endroit, car il est idéalement situé à proximité de tous les grands pays européens”, explique-t-il. “Les Japonais sont réputés pour être des travailleurs très sérieux et diligents, mais quand j’ai visité quelques usines dans l’Est de la France, j’ai été vraiment impressionné par leur éthique de travail et leur engagement à fabriquer des produits de haute qualité. Les Japonais étaient comme ça il y a 20 ans. Maintenant, seule une poignée d’entreprises s’efforcent de maintenir ce niveau. Les autres ne sont préoccupés que par la réduction des coûts.”
D’après Takemoto Shigeru, l’Europe est le seul endroit où l’on peut trouver l’engagement vers la qualité qu’il veut atteindre. Nonobstant la récente activité de Nisshin à l’étranger, il croit qu’il y a au moins une chose susceptible d’être produite à Ôta qui pourrait améliorer les conditions économiques des machikôba. “A Ôta, nous avons déjà l’aéroport de Haneda, mais nous avons besoin d’un port aussi”, dit-il. “A l’heure actuelle, les frais de port et les frais d’expédition sont incroyablement élevés. Avoir un port près de nos usines serait extrêmement pratique et rendrait nos exportations plus compétitives. De cette façon, nous ne serions pas obligés de déplacer nos usines à l’étranger.” Sur le papier, cela semble une très bonne idée, mais ce projet n’est pas à l’ordre du jour. Quand on lui demande si d’autres sociétés soutiennent sa proposition, il semble découragé. “Même s’il y en a, elles ne vont jamais le dire”, explique-t-il. “Elles espèrent simplement que quelqu’un va les aider, d’une façon ou d’une autre. Elles ne sont plus habituées à prendre l’initiative, comme le faisaient nos pères et nos grands-pères. C’est pourquoi, quand je me présente à une nouvelle relation d’affaires en Europe, je lui dis que je suis un Japonais traditionnel pur jus.”
J. D.
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