Êtes-vous en contact avec l’auteur lorsque vous traduisez un manga ?
S. S. : Non parce que l’éditeur y est opposé. C’est compréhensible dans la mesure où un auteur – surtout s’il est traduit dans de nombreuses langues – n’aurait jamais le temps de travailler s’il devait répondre à toutes les questions des traducteurs. Quoi qu’il en soit, si vous avez vraiment besoin de demander quelque chose d’important, le seul moyen est de le faire à la japonaise. En d’autres termes, je demande à mon éditeur qui écrit aux personnes en charge des droits qui, à leur tour, entrent en contact avec les éditeurs locaux. Bien sûr, ils sont toujours occupés, ou l’auteur est occupé. Pour résumer, le jour où vous obtenez la réponse à votre question, il est probable que le livre soit déjà mis en vente! Heureusement, certains éditeurs publient des guides où nous pouvons trouver beaucoup d’informations sur les personnages et d’autres sujets liés à l’histoire.
D’après vous, que faut-il pour devenir un bon traducteur de manga ?
S. S. : Il va sans dire que vous devez à la fois maîtriser la langue que vous traduisez et votre langue maternelle. Vous devez également vous identifier à chaque personnage et adapter le langage en conséquence. De toute évidence, une princesse et un hooligan ne s’expriment pas de la même manière. Ensuite, vous devez être incroyablement curieux et ouvert d’esprit, et prêt à aborder n’importe quel type de sujets. Même si vous n’êtes pas très intéressé par quelque chose, vous devez être prêt et désireux d’apprendre, car plus vous en savez, mieux se portera votre traduction. Enfin, vous devez être fidèle à l’esprit de l’histoire et aux intentions de l’auteur, ce qui est différent d’être fidèle au texte original. C’est particulièrement important pour les blagues parce que l’humour se dilue généralement dans la traduction. Alors vous devez trouver un moyen de dire la même blague d’une manière différente, sinon ce n’est pas drôle. Il est essentiel d’évaluer toujours ce qui est plus important dans une scène particulière, c’est-à-dire de saisir le sens original ou la réaction que l’auteur voulait déclencher chez le lecteur. Traduire un manga, c’est traduire une culture. Le défi est constant, mais il est très enrichissant.
Propos recueillis par J. D.
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