A côté de lui, un autre sans abri, qui s’est récemment inscrit à la protection sociale et vit dans un centre d’accueil, se plaint. “Les gérants du centre, ils ne me laissent que 20 000 yens [150 euros]”. En effet, la gestion de ces centres est souvent confiée à des sociétés privées en contrat de sous-traitance avec les municipalités, qui se permettent de prélever un pourcentage important sur les allocations – 125 000 yens [950 euros] à Tôkyô – sous prétexte de payer les repas ou le loyer. “Afin de maximiser leur bénéfice, elles mettent parfois une trentaine de lits superposés dans une chambre de 50 mètres carrés”, soupire Takeishi Akiko, coordinatrice de la branche japonaise de Médecins du monde. Résultat : beaucoup d’entre eux quittent le centre et vivent de nouveau dans la rue. “Cela constitue un business juteux”, admet Kimura Masato. “L’Etat affirme vouloir éradiquer ces sous-traitants, mais aucune mesure contraignante n’a encore été prise”, se désole-t-il.
Du côté des SDF, le repas est presque terminé. Ils font la vaisselle dans les bacs en plastique de l’association et repartent pour dormir. Les membres de Nojiren s’apprêtent à se réunir afin de fixer une date pour le festival d’été qui convienne à tous. A côté d’eux, un clochard, encore en train de manger, dit à un autre : “si tu veux je te laisse un peu de curry, la chaleur de la journée m’a épuisé et je n’ai plus d’appétit”. L’autre répond : “Non, il faut que t’avale-tout sinon tu ne pourras plus tenir debout !”.
Y. Y.
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