Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les Japonais en ont fait un de leurs aliments préférés.
Ce matin, Mayumi mangera du pain et de la confiture pour son petit-déjeuner. “C’est plus pratique et moins contraignant que le riz, explique-t-elle. Si je mange du pain, il ne me reste qu’à sortir du beurre et de la confiture du frigo. Alors que si je me lance dans la préparation du riz, je dois le préparer, le laver, le faire cuire, etc… Ensuite, je dois réfléchir à son accompagnement : de la viande ? du poisson ? des légumes ?” Opter pour le pain représente un gain de temps considérable dans sa préparation le matin, avant de partir travailler. En effet, si elle avait voulu manger un vrai petit-déjeuner japonais, généralement composé de riz mais aussi de légumes, de poisson ou de viande, de soupe miso en accompagnement, elle aurait dû se lever bien plus tôt. Trentenaire active et dynamique, elle raffole toujours de ce repas matinal traditionnel, mais elle le réserve désormais à ses jours de repos, ou aux moments passés en famille, “quand je me rends chez mes parents, par exemple. De manière générale, quand je vais dans ma famille, je mange beaucoup plus de riz.”
Mais aujourd’hui, comme tous les matins de son quotidien, des toasts feront l’affaire. “J’aime beaucoup le goût du pain ! J’en mange aussi souvent au déjeuner. J’aime la baguette française, mais aussi le pain de seigle que j’avais testé en France mais qui est très difficile à trouver à Tôkyô. J’aime aussi le shokupan, le pain de mie japonais que je fais griller en toasts. J’aime bien les variantes du shokupan comme celles aux noix ou encore aux raisins.” Mayumi est loin d’être la seule Japonaise à faire le choix du pain. Il y a quelques mois, un programme de la chaîne Nippon TV suivait de jeunes Tokyoïtes, sur le chemin du travail, afin de leur poser une question : qu’avez-vous mangé au petit-déjeuner ? L’écrasante majorité a répondu des toasts, accompagnés d’une boisson. Parfois, des céréales, du yaourt ou des fruits. Pour d’autres, lorsqu’il faut arriver vraiment tôt au bureau, il reste la solution du konbini, supérette ouverte 24h/24 et 7j sur 7, où un large choix de pains, de boissons, de yaourts feront office de petit-déjeuner pris sur le pouce. Presque personne n’a évoqué le riz, parmi le panel d’une quinzaine de personnes rencontrées ce jour-là, dans la capitale japonaise.
Partant de l’idée que “comprendre les comportements alimentaires permet d’étudier les liens entre les générations”, la banque Nôrinchûkin, principal partenaire financier des coopératives agricoles, piscicoles et forestières, étudie régulièrement l’alimentation des Japonais. Depuis 2004, elle établit annuellement une étude sur l’alimentation des lycéens. L’enquête réalisée auprès de 400 lycéens résidents dans la capitale pose notamment les questions suivantes : “Mangez-vous plutôt davantage de pain que de riz ?” “A quelles fréquences, à quels moments de la journée précisément, et dans quelle quantité ?” En 2006, ils répondaient du pain à presque 70 % au petit-déjeuner. Une claque pour le petit-déjeuner japonais qui est particulièrement contraignant à préparer pour les parents et la population active.