Installé à Ishinomaki depuis avril 2011, Iwata Shôta participe de diverses façons à la renaissance de la ville.
Depuis le séisme de 2011 et son installation à Ishinomaki, Iwata Shôta est devenu une personne qui “sait tout faire”, quand bien même sa spécialité reste l’enseignement du yoga. En dehors de ses cours, il aide au ramassage des coquilles St-Jacques, donne aussi un coup de main aux éleveurs de vaches ou s’occupe également de la création de sites Internet. “Ici, à Ishinomaki, il y a toute une gamme de tâches motivantes qu’on ne trouve pas dans les grandes villes. C’est à la fois intéressant et cool que d’être proche de la nature”, assure-t-il. Il n’a jamais eu aucune hésitation à y rester nous exprime-t-il au travers de son regard limpide.
Cadet d’une famille qui tenait une boutique d’électroménager à Kitakyûshû, grande ville de la préfecture de Fukuoka, il a été très marqué par un père qui aimait les voitures. Après le lycée et une formation d’ingénieur, il a travaillé dans une usine d’électronique du groupe Hitachi qui fabriquait des pièces détachées d’automobiles. Il avait des journées bien remplies à travailler dans la haute technologie jusqu’au jour où un ami lui a fait découvrir le surf. Par la suite, il s’est lancé dans l’escalade puis… dans le yoga. Plus il était en contact avec la nature, plus il réfléchissait à ce qu’il allait faire de sa vie.
Il a alors décidé de vivre au plus près de la nature et de cesser d’être un simple rouage dans une grande entreprise. C’est ainsi qu’à 26 ans, il a choisi une nouvelle voie : partir à Okinawa, au milieu de la nature pour y mener une vie autosuffisante et suivre des cours de yoga. A 27 ans, il est parti, un été, en Australie pour obtenir son diplôme américain de “Yoga Alliance 200”. L’année suivante, alors qu’il venait d’ouvrir depuis quelques semaines sa salle de yoga à Okinawa, le séisme du 11 mars 2011 s’est produit.
En 2004, lors d’un puissant tremblement de terre qui avait frappé la région de Niigata, à l’ouest de l’archipel, il avait regretté de ne pas pouvoir s’y rendre pour apporter son aide. Son statut de salarié l’en avait empêché. Il s’était alors dit que “la prochaine fois, il faudra que je sois capable de bouger”. Voilà pourquoi, en avril 2011, il a fait avec des amis le déplacement jusqu’à Ishinomaki. Une année durant, il a poursuivi ses activités bénévoles dans une association et au moment de repartir suite à la diminution des activités de secours, il a réfléchi. “Je voudrais vraiment observer comment va évoluer la ville. Mes cours de yoga ne pourraient-ils pas apporter quelque chose de positif”, s’est-il alors dit. La présence des jeunes de la ville, très motivés à “faire quelque chose pour elle” a énormément compté dans sa prise de décision.
Depuis… on a pu enregistrer une augmentation notable du nombre d’amateurs de yoga dans la cité portuaire. Iwata Shôta s’occupe actuellement d’une salle de yoga dans le centre-ville. “Je note que de plus en plus de personnes s’intéressent au yoga et je voudrais le développer davantage”, raconte-t-il. Quant au fait de mener d’autres activités en parallèle, il explique que “les gens se font des idées fausses sur le travail. Travailler ce n’est pas uniquement se retrouver derrière un bureau. Se plonger en pleine nature, c’est aussi stimulant.”
On reproche souvent à la ville d’Ishinomaki de n’être “ni la campagne ni la ville”. Mais Iwata Shôta exprime un tout autre point de vue de manière claire et nette. “Il y a ici de bons côtés qui viennent à la fois de son côté rural et son côté urbain. C’est justement là le point fort de cet endroit !” lâche-t-il avec enthousiasme.
Ohmi Shun, Hiraï Michiko