Certes, il est difficile de connaître les modes d’acquisition des estampes japonaises collectionnées par Claude Monet. Edmond de Goncourt raconte, dans son Journal, qu’il le rencontre “souvent chez Bing dans le petit grenier aux estampes japonaises”. Siegfried Bing, l‘un des principaux marchands d’estampes japonaises mais également éditeur du Japon artistique (1888-1891) et organisateur d’expositions – celle remarquable de 1890 à l’Ecole des beaux-arts (voir illustration p. 10) avec la présentation d’un panorama complet de l’ukiyo-e en 700 planches et 400 livres illustrés – est la figure marquante de ce commerce. Le marchand Hayashi Tadamasa joue le rôle de dénicheurs d’objets anciens et conseille les japonisants tel que Goncourt ou des peintres comme Cassatt, Pissarro ou Monet. Sur une quinzaine de gravures figure le petit cachet rouge de Hayashi en signe de provenance. Grand amateur de peinture impressionniste, il échange des tableaux contre des estampes. La rareté et la qualité des épreuves sont ainsi au rendez-vous !
Une lettre de Monet au marchand Maurice Joyant traduit la passion du peintre pour l’horticulture, en particulier la série des Grandes fleurs de Hokusai : “Je vous remercie d’avoir pensé à moi pour les fleurs d’Hokusai … Vous ne me parlez pas des coquelicots et c’est là l’important car j’ai déjà les iris, les chrysanthèmes, les pivoines, et les volubilis”.
Pour finir, laissons parler Claude Monet : “S’il vous faut de vive force […], trouver à m’affilier, rapprochez-moi des vieux japonais : la rareté de leur goût m’a, de tout temps, diverti et j’approuve les suggestions de leur esthétique qui évoque la présence par l’ombre, l’ensemble par le fragment.”
Geneviève Aitken*
*Chargée d’études documentaires, ministère de la Culture et de la Communication.
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