Évidemment, dans ce contexte, c’est la cuisine et la pâtisserie françaises qui étaient à l’honneur. La cuisine française a tellement été assimilée à cette époque d’abondance qu’elle en subira les conséquences avec la récession, et sera remplacée par la cuisine italienne qu’on associe à simplicité et décontraction. Avec la crise des années 1990, les Japonais se réveillent de leur rêve éphémère, et le jour de Noël se traduit par un dîner amical, ou en amoureux, préparé à la maison ou servi dans un restaurant cosy…
Qu’en est-il désormais aujourd’hui ? On dirait que les festivités de Noël d’autrefois ont été éclipsées par Halloween, mais les plats et les gâteaux liés à cette occasion n’ont pas disparu pour autant. Il est même écrit que l’une des caractéristiques de la cuisine japonaise, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, est d’être souvent reliée aux événements. Il est vrai que les Japonais aiment les fêtes et les rituels, raison pour laquelle les traditions ont pu perdurer. Alors pourquoi laisser passer une occasion de plus, importée ou inventée, pour manger “ des plats spécifiques” ? Cela ne veut pas dire pour autant qu’ils préparent les plats suivant la tradition. Ils voient plutôt ces rituels comme une occasion de s’amuser, et les plats deviennent en quelque sorte leur “jouet”. Il n’est pas forcément besoin de les préparer soi-même, on peut tout à fait les acheter déjà préparés. L’exemple du gâteau de Noël d’aujourd’hui est très représentatif. Après avoir réalisé toutes les relectures possibles de cette fête, les Japonais, sans complexe, proposent maintenant tous types de “jouets” pour le 24 décembre.
Si les grands classiques “nippons” du gâteau de Noël tel le fraisier ou le gâteau roulé sont encore présents, on peut aussi trouver les bûches de Noël des pâtissiers français comme Frédéric Cassel, Pierre Marcolini, Pierre Hermé ou Gilles Marchal. Les hôtels de luxe proposent également leur propre gamme que l’on peut réserver. Les pâtissiers japonais préparent eux aussi leurs gâteaux de Noël. Parmi l’offre, on notera l’importance des gâteaux aux fruits, même les bûches. On voit que la préférence des Japonais pour les fruits, traditionnellement appelés “gâteaux d’eau” perdure encore aujourd’hui.
On peut aussi parler de mode générale : il y a quelques années, c’était le Stollen qui était en vogue, proposé par les pâtisseries tout comme les boulangeries. Apprécié pour sa longue conservation et son prix relativement abordable, il est également très pratique à transporter.
Les supérettes ouvertes 24h/24 ont également leur gamme de gâteaux, à mini-prix et souvent de petite taille, pour les célibataires ou encore ceux qui le fêtent juste à deux. Les pâtisseries japonaises proposent leurs gâteaux de Noël, au haricot rouge et au thé vert, et l’on peut même trouver des sushis en forme de gâteaux de Noël.
Il ne doit pas être difficile d’imaginer, pour les Japonais, des gâteaux kawaii (mignons) ; les gâteaux pour enfants sont en forme d’ourson, de Hello Kitty, de personnages de dessins animés…
Même les chats ou les chiens ont droit à leur gourmandise avec des croquettes en forme de gâteaux, et des bûches de Noël préparées avec de la viande et des légumes.
Les gâteaux de Noël destinés aux allergiques ne manquent pas non plus : sans œuf, sans lait, sans gluten, à faible taux de glucide, faible en calories… il existe même des gâteaux hallal. Avec une telle variété proposée, on peut dire que les gâteaux de Noël sont véritablement ancrés dans les mœurs japonaises.
Dis-moi quel gâteau de Noël tu aimes, je te dirai qui tu es…
Sekiguchi Ryôko
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