Outre Kôenji, la plupart des anciennes routes de la région ont été construites pour relier plusieurs sites bouddhistes et shintoïstes. Un autre exemple typique est celle qui passe par la gare d’Asagaya. Orientée nord-sud comme toutes les autres routes, en direction nord-sud, elle relie Enkôji, Asagaya Shinmei et Ômiya Hachimangû. Ce dernier sanctuaire est un endroit particulièrement intéressant. Construit en 1063, il est situé à un endroit légèrement surélevé, près de la rivière Zenpukuji-gawa. On y trouve une source où les gens vont encore s’approvisionner en eau fraîche.
À l’époque de l’ouverture de la gare d’Asagaya, une section de l’ancienne route a été transformée en une rue commerçante, Pearl Centre, où l’on vendait principalement des articles ménagers. De nos jours, l’Asagaya Pearl Centre, partiellement couvert, mesure 700 mètres de long et commence juste devant la sortie sud de la gare.
Asagaya, comme Kôenji, Mitaka et Kunitachi, a connu son expansion au cours de la deuxième phase de développement de la ligne Chûô, dans les années 1920. Comme mentionné précédemment, la plupart des gens vivaient encore dans des endroits élevés près des sanctuaires et des temples. Cependant, en 1923, après le tremblement de terre qui a détruit une grande partie de la capitale, de nombreuses personnes se sont installées dans la banlieue ouest, transformant ces endroits en une nouvelle zone résidentielle. Entre 1920 et 1930, la population de ce qui allait devenir l’arrondissement de Suginami a ainsi été multipliée par sept.
Asagaya a rapidement accueilli une importante communauté littéraire regroupant quelques grands noms de la littérature japonaise moderne : Ibuse Masuji (auteur de Pluie noire, 1966), le poète Yosano Akiko, l’écrivain “maudit” Dazai Osamu, puis Aoyagi Mizuho, Miyoshi Tatsuji et Hino Ashihei. Aujourd’hui encore, on la présente toujours en tant que “Ville littéraire d’Asagaya”.
A la fin des années 1960 et au début de la décennie suivante, Kôenji et Asagaya ont attiré un type différent de personnes qui vivaient en marge de la société. Cette communauté bohème a été décrite par le mangaka Fukutani Takashi dans son œuvre culte, Le Vagabond de Tokyo (trad. par Miyako Slocombe, éd. Le Lézard noir). Pour une raison qui nous échappe, Asagaya apparaît même dans plusieurs films d’horreur populaires tels que Ring, Ring 2 et Death Note. Cependant, la zone desservie par la ligne Chûô n’a pourtant rien pour faire peur. La prochaine fois que vous visiterez la capitale, assurez-vous d’aller y faire un petit tour. Vous ne le regretterez pas.
Jean Derome
1 2