
Les “Sorcières” de l’équipe de volley-ball étaient entraînées par Daimatsu Hirofumi, un ancien militaire tristement célèbre pour ses méthodes d’entraînement brutales connues sous le nom de “suparuta” (entraînement homicide). Chaque jour, les filles travaillaient de 8h à 16h, puis se rendaient au gymnase à 16h30 pour s’entraîner presque sans interruption jusqu’à minuit. La partie la plus difficile de leur formation a probablement été le kaiten reshîbu (réception et rotation), un exercice de plongée et de roulis conçu pour la défense, qu’elles devaient répéter encore et encore jusqu’à l’épuisement. Selon l’entraîneur, c’est grâce à ses méthodes brutales que le Japon a remporté à la fois le championnat du monde en 1962 et la médaille d’or olympique, et a réalisé une séquence de 258 victoires consécutives. A ce moment-là, les sports japonais se caractérisaient par cette approche presque sadique (les entraîneurs préfèrent parler de “formation du caractère”) de l’entraînement, et les mangas apparus dans les années 1960 et 1970 ont mis en évidence cet aspect de la vie sportive. C’est pourquoi le genre a été présenté sous l’appellation supokon ou supôtsu konjô, c’est-à-dire “le sport qui vient des tripes”.
Hoshi Hyûma, le héros de Kyojin no hoshi, est un exemple typique du supôkon. Ce jeune lanceur prometteur, dont le rêve est d’imiter son père et de réussir au plus haut niveau, enchaîne les séances d’entraînement épuisantes. L’un des moments forts de l’histoire se déroule lors du tournoi annuel des lycées (l’un des événements sportifs les plus importants du Japon) au stade Kôshien situé à Nishinomiya, près de Kôbe, où il affronte son rival Hanagata Mitsuru en finale. Hoshi a du mal avec son lancer à cause d’un ongle cassé jusqu’à l’arrivée du dernier batteur. Il doit alors mobiliser toute sa force et ses compétences pour lancer une dernière balle tachée de sang. La rivalité entre Hoshi et Hanagata se poursuit lorsqu’ils rejoignent respectivement l’équipe des Giants de Tôkyô et celle des Hanshin Tigers d’Ôsaka.