D’ailleurs, les organisateurs de cet événement cherchent à étendre sa notoriété au niveau mondial. Leurs feux d’artifice sont déjà présentés dans le cadre du festival annuel d’Honolulu à Hawaï. Leur objectif est de faire de Nagaoka la ville de référence pour les feux d’artifice au Japon. Pour y parvenir, ils ont progressivement élargi la portée et l’ampleur de leurs activités, en ajoutant une édition hivernale baptisée Winter Fantasy qui dure une journée et en créant le Nagaoka Come Hyappio Fest au moment de l’automne. Ce dernier événement est un festival qui combine musique et gastronomie (Come – généralement orthographié “kome” – signifie “riz”, le produit le plus célèbre de la préfecture de Niigata). Il se tient à la mi-octobre et propose des concerts, de nombreux stands de nourriture et bien sûr un spectacle pyrotechnique.
Selon Higuchi Katsuhiro, ces différents événéments ont contribué à rehausser la réputation de toute la préfecture. Né à Nagaoka et propriétaire d’une entreprise alimentaire locale, il est impliqué depuis de nombreuses années dans la gestion du festival et dans la renaissance de la ville. Il est actuellement directeur général de la Nagaoka Fireworks Foundation. “Il y a 35 ans, lorsque je vivais à Tôkyô, la préfecture était presque inexistante aux yeux des autres. Quand je disais que j’étais originaire de Niigata, la plupart des gens disaient : “Ah, c’est le lieu de naissance de [l’ancien Premier ministre] Tanaka Kakuei !” (voir Zoom Japon n° 69, avril 2017) Certains mentionnaient le riz, mais personne n’avait entendu parler de Nagaoka. J’avais presque fini par développer un complexe d’infériorité parce que je venais d’un endroit que personne ne connaissait. Mais maintenant, de plus en plus de gens connaissent notre festival. Ils disent des choses comme “Ah, c’est là qu’ils font ces incroyables feux d’artifice, non ? Je veux y aller un jour.” Cela me rend fier du travail acharné que nous avons accompli au cours des dernières années”, raconte-t-il. A l’origine, le festival de Nagaoka était une affaire très locale, “pour le peuple et par le peuple”, plaisante M. Higuchi. Le tout premier feu d’artifice a eu lieu en 1879 près du sanctuaire Hachiman et est devenu un événement régulier à partir de 1906. Cependant, sa version actuelle a été organisée pour la première fois le 1er août 1946, exactement un an après la destruction de Nagaoka lors d’un raid aérien américain, afin de se souvenir du passé de la ville et célébrer sa renaissance après la guerre. “A l’époque, il avait été baptisé Festival de la reconstruction d’après-guerre. Cela avait suscité beaucoup de controverses parce que certaines personnes étaient opposées à toute forme de célébrations, considérant que le processus de reconstruction était encore loin d’être terminé. Les organisateurs du festival voyaient les choses différemment. Après avoir vécu une tragédie aussi terrible, les habitants de Nagaoka devaient être encouragés et ils pensaient qu’un tel événement leur donnerait la force et le courage dont ils avaient besoin pour reconstruire leur ville. En effet, même aujourd’hui, la devise du festival est Souvenir-Renaissance-Paix”, ajoute le patron de la Nagaoka Fireworks Foundation.
Aujourd’hui encore, la controverse semble faire partie de ce festival en pleine croissance. “Au cours des dernières années, la popularité des feux d’artifice a pris beaucoup d’ampleur, attirant de plus en plus de spectateurs. Nous étions arrivés à un point où cela devenait de plus en plus difficile à gérer, et nous avons dû faire face à ce problème urgent. Finalement, nous avons décidé de créer la fondation. Mais tout le monde n’était pas d’accord. Nagaoka n’a jamais été une ville touristique au départ et les organisateurs de l’événement n’ont jamais pensé à faire du festival une attraction touristique. Mais comme je l’ai dit, nous avons dû faire quelque chose pour faire face à la popularité croissante du festival. En fait, Nagaoka a été la toute première ville au Japon à créer une telle organisation”, explique-t-il.
La principale motivation pour la créer était d’éviter le sort de nombreux matsuri au Japon. “A Nagaoka, nous avons réalisé que les temps avaient changé. La seule façon de survivre était de changer avec le temps et d’en faire une attraction touristique qui plaise aux visiteurs venant d’ailleurs. Bien sûr, cela ne signifie pas que nous avons abandonné nos valeurs traditionnelles et les idéaux défendus par le festival”, poursuit Higuchi Katsuhiro.
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