Rythmée et spectaculaire, la danse Yosakoi séduit de plus en plus le public français. Si elle est encore pratiquée chez nous de manière confidentielle, elle gagne peu à peu du terrain en empruntant subtilement au répertoire chorégraphique des danses occidentales, folkloriques régionales ou contemporaines. La Japan Expo 2019 a présenté de spectaculaires démonstrations de cette discipline en accueillant des danseuses et danseurs de différentes associations françaises, ainsi que des professionnels venus du Japon spécialement pour cette occasion.
Créée dans les années 50 sur l’île de Shikoku dans la préfecture de Kochi, elle avait pour but initial d’encourager les habitants et de redynamiser l’économie japonaise moribonde de l’après-guerre. Depuis 1954, a lieu chaque année au début du mois d’août dans la ville de Kochi (en 2019, du 9 au 12 août), un grand festival durant lequel le Yosakoi est célébré par des milliers de participants venus de la préfecture et du reste de l’Archipel. Littéralement, le terme de Yosakoi viendrait du dialecte local, selon les membres de l’association française de Yosakoi, « Yosari koi » signifiant « que vienne la nuit », afin d’affirmer que la danse devait se prolonger jusqu’à la tombée du jour. L’instrument emblématique est le Naruko, petite claquette en bois que l’on agite avec ses mains afin d’impulser le rythme au spectacle. La tenue vestimentaire peut varier, allant du costume traditionnel (kimono ou yukata) au simple T-shirt. Les couleurs du vêtement, ainsi que celles des accessoires (drapeaux, lanternes…) reprennent généralement celles choisies par toute une équipe d’une université, d’un quartier ou bien d’une entreprise. Durant plus de 65 ans, la nature des chorégraphies a progressivement évolué sous l’influence des courants de mode occidentaux. Dans leurs gènes originaux, les premières danses officielles « Yosakoi Naruko Odori » associaient simplement de la musique moderne entrainante, aux déplacements connus de la danse japonaise traditionnelle. Le rythme s’est ensuite peu à peu accéléré à compter des années 70, en intégrant des partitions de samba, puis de rock. Fort de son succès croissant et grâce au désir des passionnés de diffuser le Yosakoi au-delà de la préfecture de Kochi, les autorités ont soutenu la création de nombreux autres festivals à travers le pays. Celui de Sapporo sur l’île d’Hokkaido est à ce jour le plus important en nombre de figurants du Japon.
Lors des quatre journées de la Japan Expo 2019, le public français a pu découvrir différents spectacles proposés par des membres provenant des associations de Bordeaux, Paris, Nantes et Lyon. Ces dernières très actives ont été intégrées à la toute nouvelle fédération nationale de Yosakoi créée en 2018. Comme au pays du soleil levant, les équipes françaises se multiplient mois après mois, avec notamment l’arrivée prochaine de deux nouvelles antennes à Marseille et à Toulouse. Les équipes bordelaise (Koidoukai) et parisienne (Hinodemai) datant respectivement de 2010 et 2014, sont les plus actifs et les plus anciens. Ils ont tour à tour reçu le titre de « Yosakoi Ambassador » à Kochi. Ces équipes sont souvent composées, d’étudiants français ou japonais, d’expatriés japonais, mais pas seulement ! De plus en plus de personnes, âgées de 15 à 45 ans passionnées par la culture japonaise, sont aussi conquises par ce concept de fête joyeuse, d’échange culturel et de dépassement personnel. De toute catégorie sociale, ils viennent ainsi grossir les effectifs des différentes associations afin de partager cette expérience unique autour de la danse. Le Yosakoi se révèle être un formidable vecteur de vitalité et de joie, ainsi qu’un symbole de créativité, de partage, de convivialité et d’ouverture d’esprit ! Peut-être verrons-nous naître en France dans quelques années le « Yosakoi Break ». Les jeunes danseurs de break ou de rap empruntent en effet de plus en plus de mouvements aux danses venues d’ailleurs et évoluent dans des univers musicaux parfois exotiques.
En 2020, la fédération nationale espère participer au grand festival de Kochi en y présentant pour la première fois une équipe française. « Ce serait le moyen de développer des relations culturelles entre la France et le Japon au travers d’une danse encore méconnue. Au-delà des clichés style nippon, le Yosakoi s’exprime sans prétention et s’ouvre de plus en plus au grand public », dixit Elodie Schuck, présidente de la fédération nationale, et très dynamique présentatrice du show à la Japan Expo.
Pour l’encourager ou pour simplement obtenir des renseignements sur les fédérations régionales, s’inscrire à des stages ou à des ateliers d’initiation, ou tout simplement pour connaître les dates des futures manifestations sur notre territoire, je vous invite à vous adresser directement à yosakoi.france(a)gmail.com ou bien à suivre l’actualité de la fédération sur la page facebook : www.facebook.com/federationyosakoifrance
Pour soutenir les jeunes équipes françaises souhaitant rejoindre l’année prochaine le grand festival de Kochi où elles sont invitées, voici le lien vers la cagnotte en ligne du projet « Objectif Kochi » :
https://www.gofundme.com/objectif-kochi-2020-la-france-danse-au-japon
Manuel Sanchez