Un an après la remise en service de la ligne Senseki entre Sendai et Ishinomaki, tous les feux sont au vert.
C’est entre les gares de Nobiru et de Tôna, à Higashi-Matsushima, que la ligne Senseki avait été le plus fortement endommagée par le tsunami. Pendant les travaux de reconstruction, toutes les liaisons avaient dû être assurées par bus. Avec la réorganisation de la ville et les aménagements collectifs des sinistrés dans les hauteurs, la voie ferrée ainsi que les gares ont dû être déplacées. C’est le 30 mai 2015 que toute la ville de Higashi-Matsushima a fêté la réouverture complète de cette ligne locale. La ligne Senseki-Tôhoku, empruntant une partie de la ligne Tôhoku, relie désormais les villes de Sendai et d’Ishinomaki, en 52 minutes. Le temps du trajet a diminué par rapport à celui d’avant le séisme permettant de gagner plus de 20 minutes. Ainsi, entre Tôkyô et Ishinomaki, avec un changement à Sendai, le voyage dure moins de trois heures. Selon les représentants de la compagnie JR à Sendai, le nombre d’usagers de la ligne Senseki-Tôhoku s’élevait, fin avril 2016, à environ 4 100 personnes par jour. Entre les gares d’Aobadôri et Ishinomaki, le nombre d’usagers a progressé de 3 % par rapport à 2010.
En semaine, le nombre des usagers, travailleurs et élèves, utilisant la ligne est plus important que celui des touristes en week-end. A la mairie d’Ishinomaki, qui se situe face à la gare d’Ishinomaki, quelques 95 employés prennent le train, soit deux fois plus par rapport à l’année dernière avant la réouverture. “Si le nombre total d’usagers a augmenté, on ne peut pas affirmer que cela soit uniquement dû à la réouverture de la ligne ferroviaire”, estime cependant le responsable des ressources humaines. En effet, il est un fait qu’après le séisme, beaucoup de personnes ont déménagé en dehors de la ville.
Le 26 mars, la gare d’Ayumino a été inaugurée dans le quartier de Shinhebita-Minami, quartier où la mairie est en train d’aménager une nouvelle zone urbaine composée de logements collectifs protégés des catastrophes. En fait, depuis plus de 30 ans, dans ce quartier, près du lycée d’Ishinomaki-Nishi situé dans le quartier d’Akai de la ville de Higashi-Matsushima, il existait un vague projet de nouvelle gare sous le nom provisoire de Yanaginome. Ce projet a finalement vu le jour après le séisme. Elle constitue une nouvelle porte d’entrée pour la région avec un paysage qui reflète la reconstruction. Avec cette nouvelle zone urbaine et le nouveau bâtiment de la préfecture, la gare récemment inaugurée confirme sa raison d’être. A Higashi-Matsushima, d’autres nouveaux quartiers sont en train d’apparaître, au nord de la gare de Higashi-Yamoto, et autour des nouvelles gares de Nobiru et de Tôna. JR estime que “ces projets de reconstruction pourraient permettre d’augmenter le nombre d’usagers”.
La réouverture de la ligne a aussi entraîné une hausse de la fréquentation des touristes. En 2015, le nombre de visiteurs à Ishinomaki s’est élevé à 2,3 millions de personnes, soit 200 000 visiteurs de plus par rapport à l’année précédente. Le chiffre est aussi plus important que le record de 2013 avec 2,2 millions de personnes. Cela n’est pas seulement dû à la réouverture de la ligne Senseki, mais aussi à de nouveaux événements promotionnels et à l’ouverture du péage d’Ishinomaki-Onagawa sur l’autoroute de Sanriku. Certes, on ne peut pas ignorer l’importance du train.
“Un mois après la réouverture de la ligne, on a senti une légère hausse de la fréquentation, mais en définitive, il n’y a pas eu de grand changement. Cependant, le week-end, on remarque qu’il y a des gens comme des couples âgés et des étudiants qui viennent passer la journée ; mais aussi des personnes originaires de notre région pour qui le retour au pays est plus facile”, estime Mme Takahashi Mie, présidente du syndicat de la zone commerciale de Tatemachi-Ôdôri, L’office du tourisme a accueilli près de 186 900 personnes en 2015 contre 174 600 en 2014. Sur les trois premiers mois de 2016, le nombre de visiteurs est déjà plus important qu’à la même période de l’an passé.
A Higashi-Matsushima, les hauts lieux touristiques se concentrent du côté d’Oku-Matsushima et sur les communes de Nobiru et Miyato. Or, il y a peu de moyen de transport pour s’y rendre lorsqu’on descend à la gare de Nobiru qui se situe à l’entrée de cette zone. Il existe le projet de transformer l’ancien bâtiment de la gare de Nobiru en musée et de conserver l’ancien quai de la gare en tant que monument à la mémoire du séisme, mais, pour l’instant, rien n’a été prévu pour relier ce futur musée à la nouvelle gare.
Quant à la ville d’Onagawa, sa nouvelle gare a été inaugurée le 21 mars 2015. Elle abrite également une station thermale. La zone commerciale a été ouverte en décembre dernier. Si le nombre des visiteurs reste encore en dessous de la moyenne d’avant le séisme, on enregistre cependant une plus grande affluence des visiteurs le week-end, curieux de découvrir la nouvelle commune.
“Si l’on n’a pas encore de chiffres précis, on constate qu’il y a plus de gens qui viennent de la capitale. On voit beaucoup de personnes sur les quais de la gare”, raconte un employé du bureau du tourisme de la ville. “Pendant le week-end, il y a plus de touristes qui utilisent la gare d’Onagawa que la gare d’Ishinomaki”, confirme le chef de gare Sasaki Kazuo.
La gare d’Ishinomaki, est surtout utilisée par les visiteurs qui se rendent au musée consacré au mangaka Ishinomori Shôtarô. Si son accès n’est pas aisé à partir de la gare, ce musée constitue pratiquement le seul lieu touristique. “Il nous reste à trouver comment faire venir les gens, comment mieux leur faire connaître les attraits de notre cité”, explique le directeur de la gare. Le Mangakan cherche aussi à maintenir le flux de visiteurs. “Nous essayons d’organiser des expositions et des événements originaux pour que les gens de l’extérieur comme de la région reviennent plus souvent”, assure-t-on.
Actuellement, la ligne de Senseki a pour terminus Ishinomaki, mais elle devrait être prolongée, cet été, jusqu’à la gare d’Onagawa qui, pour le moment, ne sera desservie qu’une fois le matin et le soir. Cela dit, pour que la gare d’Ishinomaki ne reste pas qu’une gare de transit, il faudrait une meilleure coordination de notre communauté de communes de façon à proposer aux touristes des visites avec séjours dans notre région ou les villes avoisinantes.
Kumagai Toshikatsu