L'heure au Japon

Parution dans le n°151 (juin 2025)

Suda Masaki interprète parfaitement Ryôsuke dans Cloud (Kuraudo) au cinéma le 4 juin. / © 2024 Cloud Film Partners

Avec un long-métrage et un moyen-métrage, l’un des maîtres du thriller et de l’angoisse nous fait vibrer.

Parmi les motivations qui ont conduit à la création de Zoom Japon, le cinéma occupait une place particulière dans la mesure où nous estimions que le 7e Art permet souvent de saisir certaines réalités. Dans les semaines qui ont suivi le lancement du magazine, nous avons créé un ciné-club à La Pagode, célèbre cinéma du 7e arrondissement à Paris qui mettait à notre disposition sa “salle japonaise” pour y organiser des projections et des débats avec des spécialistes et des réalisateurs venus présenter leurs œuvres. La plupart d’entre eux nous ont aussi accordé plusieurs entretiens dans lesquels ils ont témoigné de leur travail et offert leur regard sur le Japon contemporain.
Au sein de cette pléiade de réalisateurs présents dans notre Rendez-vous avec le Japon à Paris, puis à Vichy, et dans nos colonnes, Kurosawa Kiyoshi fut l’un des plus présents. Cinéaste engagé, il a toujours défendu un cinéma d’auteur dans un environnement en plein bouleversement, notamment avec la disparition des petites salles au profit des complexes cinématographiques (voir Zoom Japon n°103, septembre 2020). Dans notre numéro de juin 2011, le réalisateur avait tiré le signal d’alarme sur la situation du 7e Art sans pour autant baisser les bras. Il a d’ailleurs montré toute sa détermination au cours des quinze dernières années en multipliant les films et en menant la bataille en faveur des petites salles de cinéma.
Le voici qui revient avec deux films, Cloud (Kuraudo), un long-métrage (123 mn), et Chime, un moyen-métrage (45 mn), avec lesquels il renoue avec le thriller et l’horreur, genres dans lequel il nous a offert quelques unes de ses meilleures réalisations comme Kaïro (2001) Shokuzai (2012) ou Creepy (2016). En imaginant une histoire liée à l’univers du commerce en ligne où Ryôsuke, gars débrouillard prêt à prendre des risques, finit par se retrouver entouré d’ennemis désireux de l’éliminer, Kurosawa Kiyoshi a su trouver une approche originale pour entraîner les spectateurs. Avec la qualité qui caractérise son travail, il y parvient parfaitement en créant un suspense très prenant tout au long de la première partie du film, notamment grâce au rôle des réseaux sociaux, à la rancune de l’ancien patron de Ryôsuke et à la pression de la police. On retrouve ainsi le savoir-faire du cinéaste, mais la seconde partie peut se révéler décevante, car beaucoup moins surprenante. Dans ses thrillers précédents, il avait réussi à créer des situations beaucoup plus inattendues.
Avec Chime, dévoilé hors compétition au festival de Berlin, Kurosawa Kiyoshi retrouve à la fois l’audace de ses débuts et l’horreur huit ans après Le Secret de la chambre noire. Bien plus intéressant que Cloud sur le plan formel et au niveau de l’histoire qui prend littéralement les spectateurs par les tripes grâce à l’atmosphère d’angoisse qu’il parvient à créer, ce moyen-métrage est une belle pépite par laquelle le réalisateur nous rappelle qu’il reste l’une des valeurs sûres du cinéma japonais, en attendant de voir La Voie du serpent (Ebi no michi) dont la sortie est prévue plus tard dans l’année.
Odaira Namihei

Informations pratiques
Chime, en salles depuis le 28 mai. Cloud (Kuraudo), en salles à partir du 4 juin.

Exit mobile version