Je rêvais de vivre en France et de devenir artiste. Ça vous parle ? Si vous pensez à Humour, ma première rubrique publiée dans Zoom Japon dès le numéro 1, alors vous êtes sans doute un(e) vrai(e) gachizei du magazine – ou du Japon.
Un gachizei, c’est quelqu’un de très impliqué dans ce qu’il fait ou ce qu’il aime, un passionné engagé. Ce mot d’argot vient de gachi (abréviation de gachinko), qui signifie “sérieux”, “pour de vrai”, et de -zei, un suffixe désignant un groupe de personnes.
Vivant en France depuis plus de 25 ans avec l’envie d’être une gachizei de l’art – tout en restant une éternelle apprentie de la langue française – comment aurais-je pu imaginer qu’un jour je travaillerais pour un magazine français ? Et pourtant, le hasard m’a menée à Zoom Japon. J’ai commencé comme pigiste, puis graphiste, avant de devenir également secrétaire de rédaction, sans être nécessairement une gachizei du Japon. Alors pourquoi suis-je autant engagée dans ce mensuel ? Parce qu’aux côtés de notre rédacteur en chef, gachizei du journalisme et du Japon, déterminé à créer un magazine sincère et sans compromis (ce qui n’est pas toujours évident pour un journal gratuit !), j’ai compris le rôle essentiel qu’un média peut jouer : Zoom Japon ne cherche pas à imposer une image préconçue d’un pays, mais à transmettre des informations.
Si un Zoom France avait existé, peut-être aurais-je évité d’idéaliser à l’excès ce pays avant de m’y installer. A mon arrivée, j’ai longtemps ressenti un profond décalage entre le rêve et la réalité – un choc qui a plongé bien des compatriotes dans la fameuse dépression appelée “Syndrome de Paris”.
L’accès à l’information, c’est ce qui nous rend libres et nous donne les moyens de mieux réfléchir. C’est pourquoi, depuis la rédaction, je tiens à partager ce regard avec vous, qui vous intéressez à mon pays. N’idéalisez pas le Japon. Informez-vous, gardez votre propre rêve… et devenez gachizei de ce qui vous anime !
Koga Ritsuko
Parution dans le n°151 (juin 2025)