Je rêvais d’habiter dans un appartement haussmannien à Paris et de faire des courses au marché, le dimanche matin, en saluant mes marchands habituels et un de mes voisins en train de promener son bouledogue, avant d’organiser un petit repas avec les voisins de mon immeuble.
En réalité, ça fait presque 10 ans que je vis dans mon logement actuel à moitié moderne en banlieue. Je fais des courses le soir en semaine chez un petit épicier du coin qui passe son temps à regarder des matchs de foot à la télé ou à me surveiller avec une caméra. Et moi, je scrute la date limite de consommation de ses produits et aussi s’il ne triche pas sur le prix des légumes à la caisse, ce qui m’est déjà arrivé. Mais on ne peut malheureusement pas s’en passer. Je suis une de ses rares clientes fidèles et lui, c’est le seul magasin ouvert à 23h30.
Sinon le quartier est tranquille. A la sortie du métro à 1h du matin, je suis toujours accueillie par des jeunes en capuche qui assurent ma sécurité et à l’arrivée à mon immeuble, d’autres jeunes en sweat me saluent et m’ouvrent gentiment la porte d’entrée. De temps en temps, je peux observer leur partie de cache-cache avec la police. Quand ils sont arrêtés, ça manque d’animation dans notre résidence. Dans l’immeuble, mes voisins ne me disent rien malgré mon habitude de passer l’aspirateur à 22h et de faire tourner la machine à laver à minuit. Moi non plus, je ne râle pas contre le voisin qui bricole avec sa perceuse tous les week-ends dès 8h du matin ou contre la dame qui jette ses meubles par la fenêtre. Je n’ai jamais fait de repas avec eux, mais à la place j’ai un restaurant de sushi qui me reconnaît quand j’appelle pour une livraison. Ça me rassure. Cette vie est relativement plus sympa que dans un studio à Tôkyô où je n’ai eu aucun contact avec mes voisins. Or je rêve encore d’un appartement haussmannien à Paris. Si votre voisin déménage, contactez-moi ! J’arrêterai de passer l’aspirateur le soir et je serai une voisine parfaite !