Je rêvais d’avoir une vie de chat dans ce pays qui avait l’air tranquille vu du Japon. Il y a plus de 20 ans, lorsque j’ai débuté mon existence française à Tours, j’ai été impressionnée par le nombre de crottes de chiens dans la rue. Je devais absolument regarder où je mettais mes pieds pour ne pas être victime de ce piège à deux balles. Le danger était partout. Combien de fois ai-je marché dedans !
Contrairement aux chiens, je voyais rarement des chats dans la rue, de sorte que j’étais persuadé que les Français ne les aimaient pas. Mon premier contact avec des chats a eu lieu beaucoup plus tard chez des amis. Ils étaient mignons, mais je ne rêvais absolument pas d’en avoir chez moi car j’avais déjà du mal à m’adapter à la vie française et je ne voulais pas y rajouter encore une charge. Or, un jour, il y a presque 10 ans à Paris, un ancien colocataire est rentré à la maison avec un petit chaton noir ! Depuis, je vis avec. Le minou a grandi et grossi jusqu’à peser 10 kilos. C’est un véritable fauve d’appartement, il fait ses griffes partout et mange toutes les plantes. En plus, il ne mange pas de repas de chat à la japonaise, riz et poisson, que je lui donne quand je n’ai plus de croquette. “Croiser un chat noir porte malheur”, dit-on. Je le confirme.
Un jour, mon ancien colocataire est repassé à la maison avec son chien (!) et il me l’a laissé une nuit. Pendant que je suis sortie pour le promener dans un jardin, j’ai croisé deux ou trois voisins qui promenaient également leur chien. En 10 ans, je n’avais jamais parlé avec eux. Mais ils sont venus me parler parce que j’étais avec un pataud ! Les chiens changent la vie, mais j’ai vite compris que ce n’était pas mon monde. Ces gens m’ont demandé si mon chien était un garçon ou une fille et je leur ai répondu que c’était un mâle. Avoir un chien n’est pas si facile non plus.
Définitivement, je ne veux pas avoir d’animal chez moi et préfère avoir quelqu’un qui m’appelle ma minette. Mais pour cela, je devrais peut-être me transformer, comme dit le proverbe japonais “neko wo kaburu” (vêtue de la peau de chat) !
Koga Ritsuko