Après nous avoir régalé avec L’Habitant de l’infini, Samura Hiroaki revient avec une œuvre complexe mais maîtrisée autour de l’histoire soviétique dont il faut bien reconnaître que nous ne savons pas grand chose. Avec son talent de conteur et sa force graphique, le mangaka nous livre un étonnant scénario en sept chapitres dans lequel on se plonge avec une réelle délectation. En choisissant comme titre Snegurochka, qui désigne dans le folklore russe la petite-fille du Père Noël, l’auteur se veut énigmatique et l’ambiance qu’il décrit, dès les premières pages, confirme combien elle est pesante. Au fur et à mesure du déroulement de l’histoire, on découvre la capacité de l’auteur à manier diverses références littéraires, historiques et folkloriques qui donnent à son récit une épaisseur digne d’un roman. Le lecteur ne peut qu’adhérer à sa démarche et savourer page après page sa virtuosité graphique. Samura Hiroaki démontre qu’il est un des très grands auteurs du moment et qu’il a su se renouveler. Une lecture plus qu’indispensable.
Snegurochka de Samura Hiroaki, trad. Aurélien Estager, coll. Sakka, Casterman, 12,95 €.