Avez-vous l’intention justement d’écrire quelque chose sur les Jeux olympiques de 2020 ?
Y. M. : Mon roman Sortie parc, gare d’Ueno dépeint l’histoire des gens issus de la région très pauvre du Tôhoku qui ont quitté leurs foyers pour travailler à la préparation des premiers Jeux olympiques de Tôkyô qui se sont déroulés en 1964. Ils ont été utilisés puis mis au rebut, avant de devenir en fin de compte des sans-abri. Actuellement, bon nombre de personnes qui travaillent sur les chantiers de construction dans le Tôhoku sont attirées vers les sites olympiques où les salaires sont plus élevés. A cause de cela, il y a pénurie de personnel pour la reconstruction et la décontamination de la région. On est donc obligé d’aller recruter dans des régions où les salaires sont encore plus bas, comme Nishinari à Ôsaka ou à Okinawa. Cela signifie que certains d’entre eux ne sont pas loin de devenir un jour des sans-abri s’ils n’ont pas d’assurance-maladie, pas de famille ou s’ils sont déjà faibles. A Minami Sôma aujourd’hui, il n’est pas rare de voir ces travailleurs migrants sans assurance se rendre dans les hôpitaux pour des consultations, avant de s’enfuir lorsque vient le temps de payer. Il y a aussi beaucoup d’alcooliques et cela affecte la tranquillité et la sécurité publique. Ce n’est pas bon pour la région, mais en même temps je ne peux m’empêcher d’être triste pour eux. Certains d’entre eux meurent pendant qu’ils travaillent. Lorsque cela arrive, personne ne vient pour recueillir leurs cendres après la crémation. Il y a un temple près de chez moi où vous pouvez voir, comme dans d’autres temples de Minami Sôma, qu’il est devenu l’ultime lieu de repos pour ces travailleurs migrants les plus pauvres du pays. Je veux écrire à ce sujet, car, après tout, cela fait partie de la réalité des Jeux olympiques de Tôkyô à venir.
Propos recueillis par Hara Satomi
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