On saisit pourquoi certains voulaient s’échapper, mais la prison d’Abashiri était réputée pour être un endroit dont on ne pouvait pas s’évader. Pourtant quelques-uns, comme Nishikawa Torakichi dont on raconte les six évasions, n’ont jamais cessé d’essayer. Mais comme Takakura Ken dans Abashiri Bangaichi, il se retrouvait à devoir affronter un environnement hostile surtout s’ils tentaient de fuir en hiver. Ken-san sortira de la prison d’Abashiri par la grande porte, et au printemps, dans un autre film marquant de sa carrière : Shiawase no Kiiroi Hankachi (Les mouchoirs jaunes du bonheur). Réalisé en 1977 par Yamada Yôji, ce long métrage a confirmé la relation particulière qui lie Ken-san et Hokkaidô. Il a incité d’autres spectateurs à venir découvrir la beauté de cette région à d’autres saisons que l’hiver.
En quittant la prison après un petit tour par la boutique de souvenirs qui regorgent de cadeaux originaux et le restaurant où l’on peut goûter un vrai repas de prisonnier, j’ai pris la direction du port pour aller admirer les glaces flottantes, objectif initial de mon voyage si le souvenir de Ken-san ne m’en avait pas détourné pour m’emmener sur ses traces. Bien couvert, car les températures en mer peuvent descendre très bas, je suis monté à bord du brise-glace Aurora qui, chaque année du 20 janvier au 2 avril (3300 yens par personne), propose des promenades d’une heure au milieu de ces glaces dérivantes dont le spectacle est parfois éblouissant quand le froid est extrême et le soleil au rendez-vous . Si vous ne vous lassez pas de voir des paysages immaculés, vous pouvez poursuivre l’exploration de la région d’Abashiri. L’un des meilleurs points de vue est la petite gare de Kitahama que l’on atteint en train, bien entendu, en une dizaine de minutes depuis Abashiri ou bien en taxi si l’on n’a pas la patience d’attendre. Une tour d’observation a été aménagée à côté du bâtiment en bois de la gare dont une partie abrite désormais un café où l’on peut déguster bien au chaud de délicieuses pâtisseries maison et des glaces agrémentées de fruits frais. En regardant au loin la plage recouverte de neige et la mer qui prend des teintes parfois très sombres en fonction de la luminosité, l’envie de repartir à la recherche de Ken-san s’est une nouvelle fois emparée de moi.
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