Sa boutique est une vraie caverne d’Ali Baba. Plus de mille sortes de friandises sont proposées entre 10 et 100 yens. 35 000 clients se déplacent chaque année. “Ce sont à 98 % des Japonais. Cela leur rappelle leur enfance, ils sont très contents.” Akiyama Hideyuki s’échine également à contacter les grandes compagnies nippones. “Je rachète tous leurs invendus, leurs friandises proches de la date de péremption mais encore consommables et je les vends ici à 10 yens… Tout le monde peut en profiter comme ça !” Depuis quelques années, il se déplace aussi à l’étranger pour présenter ses friandises qui n’existent qu’au Japon. L’année dernière, il était en France, à Paris et à Nancy. “Les enfants avaient l’air très contents de cette découverte. Nous avions également présenté un spectacle de kamishibai [théâtre de papier]. Autrefois au Japon, on distribuait des dagashi lors de ces représentations alors je leur ai expliqué cette tradition. J’envisage de retourner en France et de recommencer ce type d’expérience.” “Avec les dagashi, il y a deux mots-clés : le genten (l’origine) et l’eigao (le sourire des enfants). C’est une tradition qui revêt un message de paix très fort selon moi”, ajoute-t-il.
Cette ville paisible et solidaire est également généreuse. Lorsque le grand tremblement de terre du 11 mars 2011 a frappé le nord-est du Japon, Watanabe Kôichi et Yukiko et leurs quatre enfants ont vu disparaître l’ensemble des infrastructures de leur entreprise ostréicole située à Minami-Sanriku. Ils se sont retrouvés sans aucune ressource. “Je voulais partir et tout recommencer ailleurs. Reprendre une société qui n’avait pas de successeur”, raconte Yukiko. Mais cela n’a pas été si simple. “Nous avons frappé à tant de portes… On nous a dit non partout jusqu’au jour où nous nous sommes rendus à un rassemblement ostréicole à Tôkyô. Une délégation de Setouchi était présente. Le contact s’est très bien passé. Ils cherchaient quelqu’un pour reprendre l’entreprise d’Ushimado. Nous avons sauté sur l’occasion”, se rappelle-t-elle. Motivé, le couple s’est adapté à de nouvelles façons de travailler. “Nous n’utilisons pas le même matériel selon les régions”, explique-t-elle. L’entreprise s’est développée. “Nous employons désormais 12 personnes alors que nous n’étions que tous les deux à Minami-Sanriku.” Un autre élément rassure cette mère de quatre filles. “Ici, la région est connue pour ne pas connaître de tremblements de terre…”
Le cadre de vie agréable attire de plus en plus de personnes originaires d’autres préfectures. On appelle ce phénomène le “U-turn”, ces natifs des grandes villes qui décident de venir s’installer dans des régions rurales. “65 personnes originaires des régions voisines, majoritairement de la préfecture de Hyôgo, mais aussi de Tôkyô ou d’Ôsaka, sont venues s’installer à Setouchi en 2016”, explique Kosugi Shinsuke, un employé municipal. “Elles sont âgées de 20 à 40 ans et leurs motivations principales sont le cadre de vie et le fait qu’il y ait peu de catastrophes naturelles. Ensuite vient l’envie d’entreprendre et de changer de travail.”
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