Malgré la vague de publications, le bilan de Tanaka reste encore difficile à évaluer pour les chercheurs. “Surtout au niveau de la politique intérieure, nous ne disposons pas suffisamment d’archives sur lui pour dire quoi que ce soit”, regrette Fukunaga Fumio, professeur à l’université Dokkyô. Pour ce spécialiste de l’histoire politique moderne, la popularité de Tanaka s’explique en un mot : la nostalgie. “La société japonaise a terminé sa phase de croissance et on ne voit pas vers quelle nouvelle direction elle s’oriente. Si les Japonais s’arrachent les livres sur Tanaka, c’est probablement parce qu’ils y trouvent un leadership dont ils ont besoin”, explique-t-il. “A ce jour, ses projets politiques sont obsolètes. A son époque, l’économie japonaise avait encore des marges de croissance. Ce n’est plus le cas”. Pour lui, la question est de trouver une vision adaptée au temps présent et non de regarder en arrière pour se consoler avec des bons souvenirs du passé. “Je suis las de voir les gens louer des projets de Tanaka et se plonger dans la nostalgie. Cela traduit l’incapacité des politiques d’aujourd’hui à offrir une vision pour demain”, poursuit Fukunaga Fumio. Reste à savoir quand les Japonais en finiront avec la nostalgie et regarderont la réalité en face. Tant que les ventes des livres sur Tanaka Kakuei auront le vent en poupe, on peut dire sans se tromper qu’ils n’en sont pas encore là.
Yagishita Yûta
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