Une petite tâche bleue s’étale au beau milieu de la carte du Japon :
bienvenue dans la région du Biwa, le plus grand et le plus célèbre lac du pays. Ici, à seulement 10 minutes de Kyoto, on profite de l’eau sous toutes ses formes !
Ile aux trésors
C’est ainsi que plusieurs bateaux proposent de voguer sur les eaux du Biwa, le temps d’une excursion (1 à 4 heures, au départ de la ville d’Otsu), ou celui d’aller poser le pied sur Chikubu (30 mn, au départ de Nagahama ou d’Imazu). Ce charmant îlot hérissé d’une végétation luxuriante est considéré depuis toujours comme le sanctuaire principal du Biwa, et l’on vient y rendre hommage aux dieux dans l’antique temple shintô Tsukubusuma (Ve s.), qu’un corridor au bois fatigué relie au temple bouddhiste Hôgon-ji (VIIIe s.). Le dernier étage de sa petite pagode offre une vue surprenante sur le lac et les montagnes alentours.
L’eau et les hommes
Au nord-ouest du lac, ce ne sont plus les dieux, mais les hommes, qui tirent parti des richesses aquatiques du lac Biwa. Ici, dans la bourgade de Harie, un système d’irrigation unique baptisé kabata a placé l’eau au cœur de l’organisation sociale et environnementale : chaque maison y est alimentée par une source naturelle dont l’eau se déverse dans un bassin en pierre où elle sert à rincer ustensiles et légumes, puis déborde dans un bassin plus large où des carpes viennent se nourrir et la débarrasser des déchets. Ces bassins sont reliés entre eux, et ils alimentent tous un étroit canal qui serpente dans tout le village avant d’aller s’écouler dans le lac voisin. Un système qui rend chacun responsable de son usage de l’eau, et conscient de ce qu’il doit à l’environnement (visites guidées de Harie par l’association du village).
Canal commercial
Sur la rive opposée, au sud-est, l’eau du biwa offre à Omihachiman le charme d’une petite Venise des temps passés. Cette ville proche du château de Hikone a toujours servi de zone de stockage aux marchandises acheminées via les eaux du lac : riz, thé, saké, textile, tuiles… Omihachiman a conservé ce patrimoine, et de son centre se dégage le charme de l’époque Edo (17e – 19e s.), avec ses entrepôts (les kura) aux murs recouverts de chaux et ses imposantes demeures de bois des riches marchands d’hier. Certaines ont été reconverties en un passionnant musée d’histoire locale, d’autres reconverties en boutiques et restaurants. Au pied des bâtiments coule toujours ce canal qui servait à acheminer les marchandises. Il s’élargit en périphérie pour devenir une jolie lagune rurale sur laquelle les touristes se laissent dériver à bord de jonques touristiques yakata pilotées par des marins d’eau douce équipés de gaffes de bambou.
Texte : Guillaume Brandily