Alors que s’ouvre la saison culturelle “Japonismes”, Zoom Japon vous propose d’en découvrir les fondements.
Comment définir le courant que l’on appelle “japonisme” ? Si ce terme, utilisé pour la première fois en 1872 comme titre d’une série d’articles publiés dans La Renaissance littéraire et artistique par le critique d’art Philippe Burty caractérise l’influence de l’art japonais sur l’art occidental dans la seconde moitié du XIXe siècle, il semble difficile à cerner dans son intégralité. Visionnaire, l’historien d’art Takashina Shûji, se proposait déjà, en 1988, lors de l’exposition Le Japonisme qui s’était tenue au Grand Palais, de le mettre au pluriel, tant ce concept comportait de sens.
Geneviève Lacambre, commissaire générale de l’événement et l’une des premières à s’intéresser à ce phénomène artistique que fut le japonisme, fit remarquer avec justesse qu’il y eut quatre étapes dans l’apparition de ce courant. On assista tout d’abord à l’introduction de motifs japonais, puis à l’imitation de motifs exotiques et naturalistes japonais. Ensuite ce fut l’imitation des techniques raffinées du Japon et enfin l’analyse des principes et méthodes trouvés dans l’art japonais. Après sa découverte et son adoption, l’aboutissement en fut l’assimilation.
Le terme “japonisme” est en général associé à l’art, mais il ne faut pas oublier qu’il toucha bien d’autres domaines comme la mode, l’architecture, etc. Le monde des lettres joua lui aussi un rôle important dans la propagation du japonisme en France. Les romans de Pierre Loti, en particulier Madame Chrysanthème, devinrent célèbres au-delà de l’Hexagone, quant à Judith Gautier et Edmond de Goncourt, pour ne citer que les plus connus, ils contribuèrent largement, par leurs écrits à l’engouement pour le Japon.
L’art japonais n’avait pas attendu l’ouverture officielle du Japon pour pénétrer en Europe. Les Hollandais installés à Dejima, située au large de Nagasaki, exportaient des objets par leur relais de Batavia. Les Chinois présents aussi à Nagasaki avaient également une intense activité commerciale. C’est ainsi que les estampes, éventails et autres bibelots pénétrèrent en Occident. Dès les années 1820, on trouvait à Paris des magasins de thé et de curiosités. La Porte chinoise, souvent citée par les frères Goncourt, où se rassemblaient des bibeloteurs comme Charles Baudelaire ou Philippe Burty, ouvrit ses portes en 1826 au 36 rue Vivienne et commença à vendre des laques du Japon à partir des années 1860.