En 2016, dans une série télévisée, l’héroïne désignait sous l’expression “Aijô no sakushu” (exploitation d’amour) le comportement de son fiancé qui comptait trop sur elle pour effectuer diverses tâches domestiques. C’est depuis ce moment que le terme “sakushu” est entré dans mon quotidien, car jusque-là, je ne l’entendais que dans le cadre de la théorie marxiste : “exploitation sociale”. En effet, sakushu se retrouve partout dans la vie ! J’en ai connu particulièrement beaucoup après la tragédie du 11 mars 2011 dans le nord-est du Japon. Beaucoup d’événements de charité ont été organisés en France et la plupart des organisateurs japonais demandaient aux gens (traducteurs, artistes, etc.) leur intervention gratuite comme borantia, c’est-à-dire bénévole. Pourquoi pas quelques fois, mais si les organisateurs multiplient ces appels, je considère ça comme une exploitation des bonnes volontés (zen’i no sakushu) .
Le 26 septembre 2018, le comité d’organisation des Jeux olympiques de Tôkyô 2020 a débuté le recrutement de 110 000 volontaires pour assurer divers services de qualité professionnelle (protocole, interprétariat, transports, informatique, etc.). Non seulement, ils ne seront pas rémunérés pour leur tâche de 8 heures par jour durant minimum 10 jours, mais ils n’auront pas non plus de logement à disposition. Seuls les frais de transport seront remboursés à hauteur de 1 000 yens (7,70 €) par jour. Qui est volontaire ? Le comité prétend qu’il s’agit d’une occasion extraordinaire de faire gracieusement un yarigai, “une bonne action ”. En résumé, pas de salaire, car c’est un travail dont vous serez fiers. Pourquoi pas, mais n’oublions pas que le budget total de ces JO s’élève à 25 milliards de dollars et les membres de comités touchent chacun environ 184 000 € par an. Ils vont pleinement exploiter la bonne volonté des gens qui ne leur coûtera rien. Voilà donc le mot du moment : yarigai-sakushu. Y participerai-je ? Bien sûr que non ! Je suis très occupée au boulot à récupérer mes heures supplémentaires !
Koga Ritsuko
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