Poursuivant mon exploration, j’ai découvert plusieurs escaliers en pierre menant à la petite colline sur laquelle les maisons ont été construites. Marcher dans les allées étroites me donnait l’impression de m’introduire dans la vie des autres, mais toutes les mamies que j’ai rencontrées (il semblait n’y avoir que des vieilles dames) ne semblaient pas s’inquiéter de ma présence. La plupart m’ont salué et certaines m’ont aidé à sortir de nombreux culs-de-sac.
Le seul homme que j’ai rencontré m’a dit que j’étais arrivé au bout du village et que je ne pouvais pas monter plus haut sur la colline. Nous avons entamé une conversation et il était trop heureux de satisfaire ma curiosité. Il m’a raconté les moments difficiles dans lesquels Futomi était récemment tombé (population en déclin rapide et vieillissante, la fermeture récente du marché aux fleurs autrefois très populaire) et m’a régalé de récits sur ses vieux jours de pêche, lorsqu’il se précipitait au port, pour s’apercevoir qu’il avait oublié quelque chose et qu’il était obligé de retourner en courant à la maison par les escaliers.
Pendant ce temps, le soleil s’était couché et l’air frais venant de l’océan a fini par atteindre mes os. Je suis donc retourné à la gare, remarquant seulement l’étrange absence de chats. J’avais imaginé que chaque village de pêcheurs avait son propre gang de félins locaux. Au lieu de cela, toute la journée, j’ai croisé beaucoup de chiens pour un seul chat.
Sur le chemin du retour vers Ohara, où je passerais la nuit, j’ai réfléchi à la fascination de Tsuge Yoshiharu pour la péninsule de Bôsô. La région n’est certainement pas attractive pour tout le monde (je ne pense pas m’y installer un jour, comme il a essayé de le faire plus d’une fois) et elle est moins pittoresque et belle que la côte méditerranéenne où j’ai grandi. Mais pendant que le train local faisait sa lente progression sur la côte est de Chiba, j’ai compris pourquoi quelqu’un pouvait être attiré par son paysage solitaire balayé par le vent et j’en suis moi-même tombé sous le charme.
J. D.
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