Un rayon de soleil perce et plonge dans la masse de fumerolles. Enfin, le nuage se dissipe, laissant apparaître la teinte turquoise magnifique du lac. Un immense bassin acide dont la température atteint plus de 60 degrés et qui plonge à 160 m de profondeur. Quelques minutes plus tard, le lac est à nouveau recouvert par les gaz qui semblent redoubler d’intensité. La gorge nous brûle, on entend des gens tousser. Brusquement, les hauts-parleurs nous crient de descendre. “Dépêchez-vous, ceci est une alerte d’évacuation !” Une vingtaine de touristes se pressent pour regagner le parking enfumé. “L’accès au cratère est parfois complètement interdit, nous avons eu de la chance de pouvoir le voir”, affirme Yui en remontant prestement dans sa voiture. En cas de fermeture du site, les visiteurs peuvent toujours se rabattre sur le musée du mont Aso (Aso-kazan Hakubutsukan, Nagakusa, Aso. Ouvert de 9h à 17h. 860 yens, www.asomuse.jp). Situé à l’entrée du parc, il est très bien documenté et retrace l’histoire du volcan Aso et de ses habitants. “On peut aussi faire des belles randonnées sur les flancs du mont Nakadake et Takadake”, ajoute Yui en montrant les images de Sunasenri, un étonnant désert volcanique accessible à pied depuis le parc. L’option de la promenade à cheval à travers le vert plateau de Kusasenri au pied du cratère est également envisageable si les gaz le permettent… Suefuji Yoshikazu, un natif d’Aso âgé d’une soixantaine d’années, relativise : “A mon époque, il n’y avait pas de système d’alerte et tout le monde vivait avec les gaz. C’est depuis qu’il y a eu un décès attribué à l’inhalation que les autorités ont mis en place toutes ces restrictions d’accès !”. Eleveur de chevaux depuis 33 ans, il avoue tout de même avoir eu la peur de sa vie quand il a vu le Nakadake exploser en pleine nuit quelques mois après le séisme de Kumamoto du mois d’avril 2016. Cela n’était pas arrivé depuis 35 ans. “Le site a été fermé pendant un an. A présent, les affaires reprennent, mais lentement”, bougonne-t-il en montrant une rangée de chevaux oisifs qui attendent d’être loués. Les chevaux d’Aso sont réputés dans tout le Japon sous le nom de race Ban’ei, un croisement de chevaux de trait européens (voir Zoom Japon n°78, mars 2018). “Il s’agit de chevaux Percherons ou Bretons qui ont été importés de France et de Belgique jusqu’à Hokkaidô pour participer à sa mise en valeur avant d’être utilisés pour les célèbres courses de Ban’ei”, explique Suefuji Yoshikazu en évoquant ces courses au cours desquelles les chevaux doivent tracter de lourdes charges sur plusieurs centaines de mètres. Ces compétitions ont fait fureur après la Seconde Guerre mondiale et demeurent populaires même si des courses plus classiques les ont supplantées. A présent, l’élevage de ces chevaux à l’entretien extrêmement coûteux est devenu l’apanage de quelques éleveurs particuliers qui les mettent en location pour des tarifs plutôt dissuasifs : 8 000 yens (70 euros) les 25 minutes. “L’achat d’une jument coûte plus d’un million de yens !” insiste cet éleveur.
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