A Sandankyô, la rue principale bordée de petites boutiques et de restaurants crée une atmosphère de ville frontière implantée dans la montagne. De là, vous traverserez le pont rouge, passerez devant le charmant Sandankyô Hotel (endroit idéal pour plonger au retour vos muscles fatigués dans les eaux chaudes de la source thermale) pour atteindre le sentier qui suit la rivière. Ici, la rivière ressemble à une piscine calme et profonde. Les gens en profitent et louent des canoës. Ces taches rose et bleu vif ajoutent une touche de couleur au milieu du feuillage.
Bientôt, la rivière se resserre alors qu’elle serpente et se précipite sur des rochers millénaires. Des deux côtés du sentier, on trouve une pente rocheuse qui descend jusqu’à la rivière et une forêt escarpée et impénétrable. Mais la randonnée n’a rien de difficile. Voilà pourquoi elle suscite un certain engouement auprès d’un large public allant des randonneurs sérieux équipés comme il se doit à des dames âgées portant des cloches sur leur sac à dos, en passant par des familles avec enfants et des groupes d’employés en vêtements de sport dessinés par des créateurs de mode.
Au fil de la marche, le lit de la rivière est moins accidenté et les eaux deviennent plus calmes. Les cascades plongent de la montagne dans des étangs limpides vert émeraude surplombés de pins. Certains des sites les plus célèbres des gorges se trouvent à proximité. Ils portent tous des noms évocateurs tels que Tatsu no Kuchi (torrent de la gueule du dragon) ou Shimaidaki (cascades jumelles), car il s’agit de deux cascades parallèles.
Au bout d’une heure environ, en fonction de la fréquence à laquelle vous vous arrêtez pour prendre des photos ou pour admirer ce paysage idyllique, vous arrivez au point d’embarquement du ferry. Le trajet ne prend que quelques minutes, mais le trajet aller-retour de 500 yens en vaut bien la peine. Les deux traversiers sont des embarcations longues à fond plat. Bien qu’ils soient équipés de puissants moteurs, ceux-ci sont rarement utilisés, afin de ne pas perturber la sérénité des environs. Au lieu de cela, un pilote enthousiaste vêtu d’un manteau vert utilise une longue perche en bambou pour manœuvrer le bateau dans les méandres de la rivière, devant des parois rocheuses abruptes où s’accrochent des arbres tenaces, apparemment enracinés dans le rocher lui-même. Au milieu des eaux calmes et des parois imposantes, un sentiment de bien-être nous envahit.
La balade se termine beaucoup trop vite quand on atteint Kurofuchi (l’abysse noir). Malgré son nom sinistre, ce petit avant-poste de civilisation est un lieu enchanteur, dominé par le Kurofuchi-sô, un salon de thé rustique, qui, après tous vos efforts, ressemble au restaurant situé au bout de l’univers. La plupart des passagers du bateau se dirigent directement vers son entrée pour se restaurer avec de succulentes nouilles udon et de boulettes de riz musubi. A l’extérieur, des ayu fraîchement pêchés dans la rivière grillent au feu de bois. A proximité se trouve un grand réservoir en verre. En vous approchant, vous découvrez, incrédule, deux salamandres géantes japonaises. Elles ressemblent à un poisson-chat avec des pattes et une grosse tête avec une imposante bouche. Mignonnes, malgré une certaine laideur, ces pauvres bêtes s’ennuient, comme la plupart des animaux en captivité. Pourtant, on ne peut s’empêcher d’être reconnaissant d’avoir la chance de voir de telles créatures. Après tout, en voir une dans la nature est presque aussi probable que de rencontrer un ornithorynque à Harajuku.
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