Littérature
Comparativement au manga, la littérature et le cinéma japonais ont été plus lents à adopter le vin comme thème central même si l’écrivain Kaikô Takeshi avait publié dans les années 1970 son fameux Romanée-Conti 1935 (éd. Philippe Picquier). Après tout, l’essor du vin au Japon est assez récent et subit la concurrence – même dans le domaine des arts – du saké, de la bière et d’autres alcools.
On peut citer le roman Van sho wo anata ni [Vin chaud pour vous] de Kondô Fumie dont l’histoire se déroule dans le petit restaurant français Pas Mal avec sept tables et un comptoir pouvant accueillir cinq personnes. Formé en France, son chef est aussi passionné par les petits mystères de la vie quotidienne que par la cuisine. En tant que détective accompli, il s’amuse beaucoup à les résoudre. Quelle est la véritable identité de la dame qui aime la bouillabaisse ? Pourquoi Mme Miriam a-t-elle cessé de faire son divin vin chaud ? Ce livre combine des descriptions de supers plats et des énigmes de premier ordre.
Murakami Ryû est l’un des poids lourds de la littérature japonaise. Sa collection de nouvelles parue en 1998 sous le titre Wain ippai dake no shinjitsu [La vérité du seul verre de vin] tourne autour du vin. Chaque histoire comporte un vin différent. La-Tâche, un Bourgogne, prête son bouquet complexe à une histoire où la confusion règne. L’arôme du Château Margaux apporte du réconfort lors d’une nuit passée à attendre en vain un rapport sexuel.
Cinéma
Lorsqu’ils ont cherché à faire un film sur le thème du vin, les Japonais ont commencé par regarder ce qui s’était fait à l’étranger et en 2009, le remake de Sideways est sorti cinq ans après le succès du film américain. En 2014, Mishima Yukiko (voir Zoom Japon n°80, mai 2018) a choisi Hokkaidô pour tourner son troisième long métrage, Budô no namida [Les larmes du raisin]. Il s’agit de l’histoire de deux frères isolés qui produisent du vin et du pain à partir du raisin et du blé qu’ils cultivent eux-mêmes. Le grand frère Ao, en particulier, est un homme obstiné et centré sur lui-même qui sourit ou même parle rarement. Un jour, leur routine de vie presque monastique est interrompue par une voyageuse qui remet en cause leur style de vie. Elle leur présente un regard neuf sur la vie et le bonheur, et leur fait comprendre que les hommes, comme les raisins, ne peuvent pas prospérer dans la solitude.
Un des derniers films mettant en scène le vin s’intitule Usuke Boys. Sorti en 2018, il a remporté le prix d’interprétation au Festival du film de Madrid. Inspiré du livre de Kawai Kaori qui a remporté le Shogakukan Nonfiction Award 2009, ce long métrage raconte l’histoire d’un groupe d’aficionados du vin et de leur relation avec la légende du vin, Asai Usuke, un viticulteur considéré comme le père du vin japonais contemporain (voir pp. 6-9). Les jeunes sont convaincus que le vin japonais ne sera jamais aussi bon que les grandes références européennes, mais ils changent d’avis quand ils goûtent le Merlot Kikyôgahara produit par Asai. Leur vie a changé avec cette rencontre extraordinaire. Ils quittent leur emploi et commencent à cultiver du raisin dans l’espoir de produire un bon vin japonais en appliquant les méthodes de leur maître. Il ne vous reste plus qu’à trouver ces œuvres et à les déguster en compagnie d’une bonne bouteille de vin. G. S.
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