Cette situation a parfois eu des conséquences presque comiques. “Nagasaki est une petite ville et il n’y a qu’une seule grande salle pour les congrès”, dit Hayashida. “Alors, quand ces deux groupes organisent un grand rassemblement le même jour, le premier réserve le premier étage et l’autre le second. Ils se ressemblent tellement que la plupart des invités ne peuvent pas les distinguer et finissent au mauvais endroit”, raconte-t-il en riant. “Je connais cette situation depuis de nombreuses années et je respecte ce qu’ils ont fait au cours des dernières décennies, mais je ne peux pas vraiment comprendre leur opposition.”
En dehors des divisions idéologiques, l’un des problèmes les plus urgents est de savoir comment continuer la campagne anti-armes nucléaires, maintenant que la plupart des derniers hibakusha sont septuagénaires et que leur nombre diminue rapidement. “Depuis de nombreuses années, on croit que seules les victimes elles-mêmes ont le droit de raconter leurs propres histoires”, constate Hayashida. “Ça constitue un gros problème en raison de leur âge. À mon avis, nous devrions suivre l’exemple de l’Holocauste. Les gens qui ont personnellement connu les camps d’extermination ont transmis leurs souvenirs aux jeunes qui ont appris et intériorisé leurs histoires, leur permettant maintenant d’agir en leur nom. C’est ce que j’essaie de faire maintenant au Japon, en diffusant autant que possible les histoires des hibakusha auprès des lycéens et des étudiants.”
Hayashida a été l’un des membres fondateurs du mouvement SEALDs, l’organisation étudiante qui entre 2015 et 2016 a fait campagne contre les lois sur la défense récemment promulguées par le gouvernement japonais. Il estime que les actions des SEALDs ont beaucoup de points communs avec le mouvement contre les armes nucléaires. “Pour moi, le but principal de toutes ces actions est de ramener la dignité humaine”, dit-il. “Avec SEALDs, il s’agissait de défendre les valeurs démocratiques et la liberté personnelle. De même, les hibakusha ne veulent pas être uniquement considérées comme des victimes des bombes atomiques mais comme des êtres humains. En fin de compte, ces deux mouvements se mobilisent pour défendre les droits de l’homme.”
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