On retrouve les célèbres citrouilles de Kusama Yayoi dans plusieurs endroits tout au long de l’exposition. Elle a d’abord vu des citrouilles dans les champs autour de sa maison quand elle était enfant. Elles apparaissent même dans ses premières peintures de style classique. “J’ai été enchantée par la forme des citrouilles et je me suis intéressée à la création de citrouilles semblables à des ventres décorés. Leur équilibre spirituel m’inspirait”, explique-t-elle.
Bien sûr, une telle rétrospective ne serait pas complète sans l’installation Infinity Mirror Room qui est apparue pour la première fois dans son exposition solo de novembre 1965. Il s’agit d’une combinaison de miroirs et d’éclairages électriques. Les lumières brillantes qui scintillent dans l’espace infini représentent la réalisation concrète de “l’âme errant entre la vie et la mort dans un espace d’extase”, écrit-elle dans son autobiographie.
La troisième partie de l’exposition porte sur le retour de Kusama Yayoi au Japon. A la suite d’une succession de décès de ses proches et en raison de sa maladie mentale, l’artiste est retournée à Tôkyô en 1973. Vivant dans un hôpital psychiatrique, elle s’est plongée dans la création de collages, à partir de photos de plantes et d’animaux, en y ajoutant des touches d’aquarelle et de gouache. Bien que ces œuvres ne soient pas aussi célèbres que ses points ou ses citrouilles, elles montrent un côté plus introspectif de son travail. Ce sont aussi quelques-unes des plus belles œuvres qu’elle n’ait jamais produites. “L’univers continue de mourir et de renaître”, dit-elle au sujet de ces œuvres. “Ce cycle continuera indéfiniment même après ma mort. Je suis toujours reconnaissante à Dieu qui m’a donné mon talent et m’a présenté au monde de l’art. J’ai peut-être créé des milliers d’œuvres, mais lorsque j’aurai quitté ce monde, il continuera de tourner, même sans moi. De toute façon, je n’ai pas peur de mourir.”
Vers la fin de l’exposition, nous pouvons découvrir l’incursion de Kusama dans le design d’intérieur. La boutique de mode Kusama lancée en 1968 à New York pour vendre ses propres créations de vêtements avait révélé une affinité précoce pour l’art en relation avec la vie en société. À partir de 2000, elle s’est impliquée dans diverses collaborations commerciales, révélant son grand sens des affaires. Un bon exemple est son travail avec la société « graf » installée à Ôsaka en 2002 pour produire canapés, tabourets, tables d’appoint, des lampadaires et autres meubles avec du tissu et des dessins basés sur sa série Yellow Tree de 1992. Vous pouvez penser qu’elle est un peu dérangée, mais elle a le don de transformer l’art en argent. Ceci dit, il faut se demander qui a envie de vivre entouré de tentacules couvertes de points noirs et jaunes.
Dans la dernière salle de l’exposition, mais construite sur l’idée d’infini de Kusama, l’exposition est présentée de façon circulaire, de sorte que lorsque vous en atteignez le bout, vous pouvez recommencer, encore et encore. Compte tenu de la foule venue voir ses œuvres, il s’avère qu’il s’agit d’une excellente idée.
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