Araki Masahiro parle aujourd’hui d’une “mission” (shimei) du journal à l’égard d’une population que l’on était prêt à oublier. “On ne pouvait pas tourner la page aussi facilement. Et d’ailleurs, l’affaire n’est toujours pas complètement réglée”, explique-t-il. L’actuel directeur de la rédaction sait que cela a contribué à donner ses lettres de noblesse au Kumamoto Nichinichi Shimbun et que le niveau d’exigence est donc particulièrement élevé de la part des lecteurs. “Il y a encore tant à faire”, ajoute-t-il. Mais ces paroles ne témoignent pas d’un sentiment de lassitude. Au contraire, il s’agit de souligner le rôle primordial du quotidien régional par rapport aux journaux nationaux. “Nous donnons une autre dimension aux questions globales. Par exemple, lorsqu’il a été question de la signature du traité de libre-échange TPP (Partenariat TransPacifique), nous l’avons abordé à partir du point de vue local en nous demandant quelles seraient les conséquences pour notre préfecture. C’est ce qui nous distingue des grands quotidiens nationaux. Nous défendons une approche très locale de l’actualité”, poursuit-il. “Mon travail comme celui de tous les responsables du journal consiste en permanence à déterminer ce qui nous semble le plus pertinent pour nos lecteurs afin qu’ils aient accès aux informations utiles dans leur quotidien. Reste qu’en termes de hiérarchisation, c’est principalement le local qui prime sur le reste”.
C’est cet attachement à défendre l’intérêt des lecteurs et ce souci de leur fournir une information à forte valeur ajoutée qui ont permis au journal de maintenir une diffusion relativement stable avec un peu plus de 290 000 exemplaires pour son édition du matin et d’être le premier quotidien de Kumamoto avec 69 % du marché devant les grands titres de la presse nationale comme le Yomiuri Shimbun (11,6 %) ou l’Asahi Shimbun (7,2 %). A cela s’ajoutent les 45 591 exemplaires de son édition du soir qui sont, dans leur quasi totalité comme l’édition du matin, portés à domicile. En d’autres termes, près de la moitié des foyers de la préfecture est abonnée au Kumanichi. Araki Masahiro se félicite de la confiance que les habitants de la région accordent à son journal. “Nous récoltons les fruits de notre exigence à toujours mieux informer”, explique-t-il avec un sourire. L’entreprise a aussi investi pour se doter d’une imprimerie moderne située dans le bâtiment qui jouxte celui de la rédaction. Pour la rentabiliser, elle est aussi utilisée en dehors des heures réservées aux deux éditions quotidiennes du journal à l’impression d’autres publications. Ses propriétaires se sont également toujours attachés à le faire évoluer sur le plan technologique afin de lui permettre de rester dans le coup. On peut d’ailleurs observer les différentes étapes de sa modernisation dans son musée souvent visité par les écoliers de la région. Ils se familiarisent ainsi avec la presse papier laquelle semble de moins en moins les attirer. La direction du Kumamoto Nichinichi Shimbun est évidemment sensible à cette tendance. Le journal s’est doté d’un site Internet (https://kumanichi.com) qui doit évoluer au cours des prochains mois avec notamment la possibilité pour les abonnés de pouvoir lire en ligne leur journal. Le 17 décembre, il a lancé une nouvelle plateforme baptisée Cross Kumamoto (https://crosskumamoto.jp) qui a pour vocation de mettre en valeur la région à la fois auprès de ses habitants, mais également à de nombreux visiteurs qui l’apprécient.
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