Parmi ces trois parcs-musées, le plus prisé par les habitants est le jardin Shukkei-en, à côté du musée d’art de la préfecture. Datant de 1620, il a été conçu par le samouraï devenu moine bouddhiste, paysagiste et maître de thé Ueda Sôko, pour le compte du seigneur Asano Nagaakira. Le Shukkei-en est une version miniaturisée du paysage du fameux Lac de l’ouest (Xihu) à Hangzhou, en Chine. Il contient de nombreux éléments de jardins paysagers zen introduits de Chine par le prêtre zen Musô Kokushi (1275-1351) : rochers pittoresques, pavillons rustiques et un grand étang avec de petites îles. Autour de l’étang Takuei, des chemins sinueux vous entraînent à travers des montagnes miniatures, des vallées, des rizières, des bambouseraies et des plantations de thé. En chemin, vous pouvez découvrir des recoins isolés, des cascades, des rochers moussus et des lanternes en pierre recouvertes de lichen. En observant un martin-pêcheur plonger dans l’étang de Takuei, où des tortues de belle taille se prélassent sur les îlots, vous oublierez que vous n’êtes qu’à 5 minutes à pied de l’agitation du centre de Hiroshima.
Certains estiment que les jours pluvieux sont le meilleur moment pour faire l’expérience du Shukkei-en. La pluie non seulement éloigne les foules, elle fait également ressortir le parfum du feuillage, fait briller les pierres et la mousse. En vous abritant dans l’une de ces maisons de thé, à peine plus qu’un toit soutenu par quatre piliers en bois, vous serez donc à l’abri de la pluie, mais aussi au cœur de cet espace. Il sera facile de faire semblant de plonger au XVIIe siècle et de vous mettre dans la peau de Bashô, le maître du haïku, pour composer des odes de dix-sept syllabes à la gloire des grenouilles bavardes. Des cérémonies de thé sont organisées, tous les mois, pour célébrer les fleurs saisonnières par la maison de thé Seifûkan. En septembre, elle propose même une cérémonie du thé pour observer la lune. Ne pensez-vous pas qu’il y a encore de l’espoir dans ce monde tant que les gens prennent le temps de savourer une tasse de thé et de contempler la lune ?
Un autre angle du fameux triangle est formé par le parc Hijiyama. Située au bout du boulevard de la paix, dans le centre-ville de Hiroshima, cette colline haute de 70 mètres est un splendide labyrinthe de sentiers de randonnée qui serpentent à travers des pentes densément boisées de pins et de chênes verts. Surplombant le feuillage au sommet de la colline se trouve le musée d’art contemporain. Lors de son ouverture en 1989, ce fut le premier musée d’art contemporain public du Japon. L’immense arche de bronze d’Henry Moore qui se dresse devant le musée offre une vue panoramique sur la ville. Au printemps, 1 300 cerisiers en fleurs enveloppent la colline d’une brume rose pâle. Les arbres sont alors décorés avec des lanternes, la saveur enfumée des calamars et du poulet grillés s’élève des dizaines d’étals de nourriture, tandis que les habitants organisent de copieux repas sous chaque arbre.
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