L'heure au Japon

Le Chûgoku Shimbun entend aussi poursuivre son approche pédagogique à l’égard du nucléaire et de la paix. C’est ce qui a motivé le lancement en 2008 du Hiroshima Peace Media Center qui publie en cinq langues (japonais, anglais, chinois, français et russe) des articles sur ces thématiques afin, une fois encore, de s’assurer que l’expérience tragique de 1945 ne se reproduise jamais. “C’est un engagement quotidien que nous avons et auquel nous tenons plus que tout”, assure le rédacteur en chef. D’ailleurs lorsqu’on lui demande de choisir le fait le plus important dans l’histoire de son journal, Egusa Noritaka évoque la mort des 114 salariés tués le 6 août 1945 par la bombe atomique. On revient toujours à cet événement à partir duquel le Chûgoku Shimbun a connu une seconde naissance. Alors qu’il s’apprête à célébrer son 125e anniversaire, le quotidien doit se préparer à affronter un autre défi, celui de la dépopulation. La question de la revitalisation des régions est un thème très important d’autant que les mesures annoncées depuis des années par le gouvernement n’ont pas porté leurs fruits. “Les vieilles recettes consistant à construire des structures pour relancer l’activité ne fonctionnent plus. Il en va de même avec les propositions gouvernementales visant à subventionner les collectivités locales qui se lancent dans des politiques inspirées par les grandes villes. Ça ne marche pas ici car nous ne sommes pas dans les mêmes dimensions et que la population est âgée”, estime le directeur de la rédaction. “A notre niveau, il s’agit de remettre au premier plan les zones les plus menacées par le déclin, en redécouvrant ce qui a pu faire leur force par le passé et en réapprenant à les connaître. Ce coup de projecteur permanent aura pour conséquence d’attirer l’attention sur elles et amener peut-être des personnes plus jeunes à vouloir s’y installer”. Egusa Noritaka est bien conscient des limites de l’influence de son journal à ce niveau, mais il est motivé pour en faire un outil au service de la population. Il sait que cela demandera beaucoup d’énergie et de courage pour y parvenir. Ce sont au moins deux éléments dont lui et son équipe ne manquent pas.
Odaira Namihei
 

son équipe ne manquent pas. / Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

L’imprimerie du Chûgoku Shimbun se situe à Ha­tsukaichi, à une quinzaine de kilomètres à l’ouest de Hiroshima. Les rotatives fonctionnent de 23h à 2h30 pour imprimer les différentes éditions du quotidien qui est également distribué dans les préfectures de Yamaguchi, d’Okayama et de Shimane. Ce sont plus de 610 000 exemplaires qui sortent du centre d’impression avant d’être transportés vers les points de distribution. Plus de 95 % de ses lecteurs sont des abonnés. Ils recevront le quotidien dans leur boîte aux lettres dès le petit matin. Le reste des exemplaires est vendu dans les kiosques des gares. Depuis mai 2016, le Chûgoku Shimbun est également mis en vente dans les supérettes, ce qui lui a permis de gagner des lecteurs supplémentaires. Le titre national remporté par l’équipe de base-ball locale Carp en 2016 lui a aussi profité. / Jérémie Souteyrat pour Zoom Japon

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