Allez-vous continuer à vivre à Kumamoto ?
T. K. : Je m’interroge. Après cette catastrophe, si je quitte la ville, il se peut que cela déstabilise ma famille. Moi-même, j’ai perdu ma maison et j’ai dû m’installer dans un autre logement. Il me faut de l’énergie pour bouger encore. J’y reste pour le moment. Cela n’est pas une gêne pour mon travail. A l’avenir, Tôkyô est une destination possible comme Paris où je pourrais vivre tant que je suis jeune.
Pour finir, comment souhaitez-vous que votre dernier recueil publié en France Le dernier envol du papillon soit reçu par le public français ? C’est une histoire de geisha, mais à mes yeux, ce n’est pas son métier qui est au cœur du récit…
T. K. : Avec cette geisha qui est une femme fatale, je voulais créer une histoire qui dévoile à la fin la raison de son comportement. Par exemple, les Japonais ont une image stéréotypée sur les Français et eux aussi doivent aussi avoir quelques idées reçues sur le Japon. On dit que les Japonais portent un masque souriant qui empêche de montrer le fond de leurs pensées, alors que nous avons notre raison d’être comme ça.
A travers ce manga, je veux dire que l’on est tous des être humains avec des sentiments et un cœur, nous sommes tous pareils malgré la différence d’apparence et d’expression. Je souhaite que ce message soit lu entre les lignes aussi bien au Japon qu’en France.
Propos recueillis par Koga Ritsuko
Références
Takahama Kan est née en 1977 à Amakusa, dans la préfecture de Kumamoto. Après des études à l’université de Tsukuba, à l’est de Tôkyô, elle se lance par hasard dans le manga. Sa rencontre avec Frédéric Boilet donne lieu en 2003 à la publication de Mariko Parade chez Casterman. Celui-ci publie trois ans plus tard L’Eau amère, un recueil de nouvelles. En 2010, elle réalise à sa demande 2 expressos. Le Dernier envol du papillon est paru en 2016 chez Glénat.